Un nouveau sondage mené auprès des principaux manufacturiers de produits alimentaires, de santé et de consommation dévoile que la vive augmentation des coûts de production surpasse de beaucoup l’inflation des prix à la consommation et qu’elle affaiblit ce secteur manufacturier domestique essentiel ainsi que ses chaines d’approvisionnement.
Produits alimentaires, de santé et de consommation Canada (PASC) a mené un sondage auprès de ses membres en juillet et a appris que le coût des intrants a augmenté de 23 % depuis 2021 et de pas moins de 35 % depuis 2020. Les membres de PASC s’attendent à ce que ces augmentations de coûts se poursuivent au même rythme tout au long de 2022. En comparaison, certains experts, comme Dr Sylvain Charlebois, de l’Université de Dalhousie, estiment que l’inflation du prix des aliments ressentie par les consommateurs montre des signes d’amélioration et pourrait ne pas atteindre les pointes prévues de 10 % cette année.
Comme l’a dit plus tôt cette année Simon Somogyi, titulaire de la Chaire de recherche en commerce alimentaire de l’Université de Guelph : « Le coût de chacun des maillons de la chaine d’approvisionnement en alimentation devient prohibitif et c’est la même chose pour les fermiers, les grossistes, les transformateurs, jusqu’aux détaillants. »
L’augmentation des coûts de production et l’inflation des prix à la consommation sont un phénomène mondial. Que ce soit pour des ingrédients comme le blé, les fruits et légumes, et même le café, ou encore le verre et les emballages de carton ou les conteneurs d’expédition, l’offre chute, les coûts grimpent et la demande atteint des sommets. Certaines pénuries découlent directement de la pandémie, tandis que d’autres peuvent être attribuées à des concours de circonstances comme la sècheresse, les incendies, le gel ou la congestion des voies maritimes.
Les récoltes canadiennes d’orge, de blé et de canola ont été frappées par la sècheresse, ce qui affecte maintenant la production en général, de la boulangerie au bœuf. Le gel au Brésil a réduit les stocks de café. Les feux de forêt de la Colombie-Britannique à la Californie ont ralenti les récoltes de fruits et de légumes. Les exemples abondent.
En raison de tous ces facteurs et de bien d’autres, 65 pour cent des répondants au sondage de PSAC disent que la performance de leur entreprise était pire en 2021 qu’en 2020 et 70 pour cent d’entre eux prévoient ne pas atteindre leurs cibles de performance d’entreprise en 2022. Les manufacturiers canadiens s’en tirent moins bien que leurs homologues internationaux; 72 pour cent des entreprises ayant répondu au sondage de PASC déclarent que les entreprises canadiennes font moins bonne figure que celles des États-Unis.
L’augmentation du coût de fabrication des produits de consommation dont les Canadiens dépendent chaque jour ne fait que s’ajouter aux défis que connaît l’environnement d’affaires déjà hostile du Canada. Même avant la pandémie, à peine 25 % des principaux manufacturiers de produits alimentaires, de santé et de consommation disaient souhaiter augmenter leur production au Canada. Près de 50 pour cent considèrent maintenant augmenter cette production, mais ailleurs.
La bonne nouvelle est que selon un sondage national mené auprès des consommateurs pour le compte de PASC à la fin 2021, 82 pour cent des Canadiens comprennent mieux qu’avant la pandémie les facteurs qui peuvent affecter l’approvisionnement en aliments et autres produits d’épicerie essentiels et 93 pour cent souhaitent voir le gouvernement prioriser ces produits.
À l’approche d’un autre automne de COVID, les chaines d’approvisionnement sont encore loin de fonctionner normalement, mais les manufacturiers continuent de travailler d’arrache-pied afin de faire leur part et sécuriser une offre constante et résiliente de produits alimentaires, de santé et de consommation essentiels dont les Canadiens ont besoin chaque jour.
Cette lettre ouverte a été publiée dans l’édition du 24 juillet 2022 du Toronto Sun.