L’approvisionnement en produits alimentaires, de santé et de consommation essentiels est sérieusement compromis depuis plusieurs mois, en raison d’enjeux structuraux de longue date, de pénuries de main-d’œuvre, de l’impact continu de la COVID-19 et des effets des conditions météorologiques extrêmes, entre autres. Les manifestations et blocus à la frontière sud ne sont que le plus récent épisode. Il devient urgent d’agir avant qu’une prochaine goutte ne fasse déborder le vase.
Quelque 75 % du commerce transfrontalier voyage par camion et la plupart de cette circulation se déroule à deux postes frontaliers, maintenant assiégés par les blocus des manifestants. Normalement, entre 800 et 1 200 camions traversent chaque jour la frontière au poste de Coutts-Sweet Grass et le pont Ambassadeur est le lien commercial le plus achalandé de toute l’Amérique du Nord. Plus de 40 000 travailleurs, touristes et camionneurs transportant 323 millions de dollars de marchandises franchissent la frontière entre Windsor et Détroit chaque jour, justifiant des milliers d’emploi des deux côtés de la frontière. Les experts estiment que 45 pour cent des aliments de l’Ontario entrent dans la province par cette voie transfrontalière. À chaque jour où ces délais se poursuivent, la période de récupération de la chaine d’approvisionnement augmente de façon exponentielle.
Alors que ces deux postes transfrontaliers se trouvent pratiquement paralysés, le Canada et les États-Unis perdent la somme astronomique de 44 millions de dollars de transactions commerciales chaque jour. La perte financière est déjà suffisamment lourde, mais ses conséquences sont encore plus frappantes. Les camions qui ne peuvent franchir la frontière sont chargés d’ingrédients et de produits essentiels pour les familles canadiennes qui font déjà face à des pénuries et à une inflation constante des prix à la consommation après deux années de pandémie de la COVID-19. Les populations à faible revenu sont les plus durement frappées par les ruptures de chaine d’approvisionnement et l’inflation, car les prix des denrées abordables sont maintenant eux aussi à la hausse.
Les denrées périssables sont tout naturellement particulièrement exposées et les Canadiens ont bien peu de sources domestiques à leur disposition pour se procurer des fruits et des légumes pendant les mois d’hiver. Mais ce ne sont pas, et de loin, les seuls produits affectés. Plusieurs produits de base d’épicerie et de pharmacie ne sont pas du tout fabriqués au Canada ou dépendent d’ingrédients importés avant de se retrouver en étagère.
Même avant les crises que nous connaissons en raison du mandat de vaccination des camionneurs et maintenant des blocus frontaliers, la disponibilité et les coûts du transport contribuaient de façon importante à l’augmentation du coût de production et de distribution des produits au Canada. Selon les données des membres de PASC, les coûts moyens en général sont en hausse de 17 %. Les données de Santé publique Canada pour février 2022 démontrent que 50 % des entreprises du secteur alimentaire étaient aux prises avec des défis de distribution avant même le début des blocus.
PASC s’est joint aux chefs de file canadiens et américains des secteurs commercial, manufacturier et agricole afin de demander le démantèlement immédiat et rapide des blocus et la réouverture des passages transfrontaliers touchés. Nous pressons les gouvernements fédéraux, des provinces, des états et des localités des deux côtés de la frontière à collaborer afin d’en arriver à des solutions rapides aux entraves illégales à la circulation.
De plus, comme j’ai mentionné de façon extensive, il est absolument critique que le gouvernement agisse rapidement afin de résoudre la crise en cours et prenne des mesures décisives destinées à renforcer le secteur manufacturier de produits alimentaires, de santé et de consommation, un des principaux piliers d’une Stratégie manufacturière nationale pour le Canada.
Les obstacles qui se posent devant nos chaines d’approvisionnement essentielles sont de plus en plus grands et de plus en plus fréquents. Il est plus que temps de dégager la route et de la protéger à long terme.