par Michael Graydon, chef de la direction, Produits alimentaires, de santé et de consommation Canada (PASC)
De nos jours, la négativité semble presque inévitable. On la retrouve dans les grands titres, dans nos conversations et même dans nos pensées en présence des tracas de tous les jours. Je la perçois dans l’incertitude qui entoure l’économie mondiale, l’imprévisibilité des décisions politiques américaines, les contraintes de l’inflation et les exigences toujours croissantes de développement durable, de prix abordables et de transparence. C’est facile de se sentir accablé. Mais après avoir passé des années dans le secteur des produits alimentaires, de santé et de consommation, j’ai appris que le leadership n’est jamais aussi crucial ni plus puissant que dans de tels moments.
Notre industrie fait partie du quotidien des Canadiens. Elle représente le café que vous achetez en vous rendant au travail, les médicaments que vous donnez à vos enfants quand ils sont malades, ou encore les produits de nettoyage que vous utilisez pour que votre foyer soit sécuritaire. Ces produits ne sont pas un luxe; ils sont essentiels. Mais pourtant, il n’a jamais été aussi compliqué de les fournir. Les coûts augmentent, les chaines d’approvisionnement s’étirent et on nous demande d’innover avec plus de vitesse et de transparence que jamais auparavant.
On pourrait facilement parler de tout ce qui va mal, car croyez-moi, la liste des défis est longue. Les tensions commerciales avec les États-Unis sont imprévisibles, des tarifs pointent à l’horizon et le poids de la règlementation excessive paralyse la capacité de croissance des entreprises. Au même moment, les consommateurs demandent avec raison des produits plus durables, plus sains et plus abordables. Ce ne sont pas là de simples tâches et trouver l’équilibre entre elles devient comme marcher sur un fil de fer au-dessus d’un territoire inexploré.
Mais voici ce que je crois : le leadership ne consiste pas à éviter les défis, mais à les surmonter. Quand je pense à tous les gens qui dépendent de nous, comme les familles qui étirent leur budget d’épicerie, les travailleurs des usines de transformation de tout le pays et les petites entreprises qui dépendent de politiques équitables afin de survivre, les enjeux m’apparaissent bien clairs. Il ne suffit pas de garder les entreprises à flot; il faut aussi veiller à ce que les Canadiens soient confiants que nous puissions livrer les produits qui leur sont essentiels.
La confiance est le point de départ du leadership. Dans notre industrie, ça signifie de confronter les défis que nous rencontrons, que ce soit en expliquant pourquoi les prix augmentent, ou en décrivant comment nous rendons les emballages plus écologiques. Les Canadiens ont besoin de transparence et méritent que des mesures soient prises en ce sens. Ils doivent comprendre que nous ne faisons pas que parler de solutions, mais que nous les mettons véritablement en place.
C’est justement ce que nous faisons. Prenons l’exemple du développement durable. Notre secteur a fait des progrès considérables en matière d’emballages recyclables, de réduction des résidus de plastique et d’amélioration de l’efficience de la chaine d’approvisionnement. Mais de tels progrès ne surviennent pas seuls. Ils exigent la collaboration entre l’industrie, les gouvernements, les détaillants et les défenseurs de l’environnement. De tels partenariats ne sont pas toujours évidents, mais ils n’en demeurent pas moins essentiels. Il ne suffit pas de satisfaire les attentes des consommateurs; nous devons les dépasser.
Mais pour vraiment être à la hauteur de ces défis, il faut plus que de bonnes intentions et des solutions à court terme. Ce qui nous manque, c’est une stratégie manufacturière complète pour le Canada, susceptible de veiller à ce que notre industrie puisse croitre et innover de façon durable à long terme. Le rapiéçage n’a plus sa place. Si nous souhaitons vraiment que les produits alimentaires, de santé et de consommation soient durables, il nous faut un plan.
Le rapport Barton était un bon premier pas, car il offrait des avenues réalisables afin de positionner le Canada parmi les chefs de file mondiaux du secteur agroalimentaire et d’autres secteurs clés. Pourtant, celles-ci n’ont jamais vu le jour. C’est une occasion que nous ne pouvons plus nous permettre de manquer. Une stratégie manufacturière cohérente nous offrirait un tremplin pour les améliorations et les efficiences dont nous avons besoin afin d’équilibrer développement durable, prix abordables et croissance.
Il en va de même pour les prix abordables. Nous savons tous quels efforts les familles doivent faire afin de joindre les deux bouts. C’est pour cette raison que nous défendons une règlementation plus intelligente et des réformes fiscales destinées à réduire les coûts sans compromettre la sécurité ni la qualité. Nous militons pour des politiques qui créent un environnement concurrentiel où les entreprises peuvent innover et croitre tout en conservant les produits essentiels à la portée des bourses de tous les Canadiens.
Rien de tout ça n’est facile, mais le leadership ne l’est jamais. C’est une question de faire face à l’incertitude et démontrer que même dans les moments les plus difficiles, le progrès demeure possible.
Ma source d’espoir, c’est cette résilience que je perçois chaque jour dans notre secteur. J’ai vu des entreprises s’adapter, des travailleurs confronter les défis et des consommateurs nous tenir redevables afin que nous puissions nous améliorer. C’est ce à quoi ressemble le vrai leadership, pas seulement gérer dans l’adversité, mais s’en servir pour alimenter l’innovation et développer la confiance.
Nous ne luttons pas simplement pour garder les étagères bien remplies, ou les prix équitables; nous nous efforçons de démontrer que dans un monde marqué par la négativité, le leadership peut faire la différence. Il s’agit de démontrer aux Canadiens que non seulement nous écoutons leurs préoccupations, mais que nous tentons de les résoudre.
Le leadership en temps de négativité demande plus que la recherche de solutions. Il doit redonner aux gens de l’espoir. Et c’est à mon avis ce qui motive non seulement notre industrie, mais le pays tout entier.
Cet article a été à l’origine publié sur LinkedIn.