La semaine dernière, j’ai rédigé une lettre ouverte qui traitait des difficultés ressenties par les fabricants de produits alimentaires de santé et de consommation canadiens à la lumière des récentes annonces de marques renommées souhaitant quitter le marché canadien. Vous la trouverez ici à des fins de référence.
Face aux coûts croissants, à la sur-règlementation, aux pénuries de main-d’œuvre et à une pléthore d’autres défis, il n’est pas surprenant de voir les manufacturiers frustrés, incertains face à l’avenir et en quête de réponses. La bonne nouvelle, c’est que les choses peuvent s’améliorer; toutefois, il faut y mettre les efforts et la collaboration de la part des gouvernements et des détaillants.
Augmenter la compétitivité manufacturière
Les pénuries chroniques de main-d’œuvre représentent un défi important pour notre industrie. Cet enjeu exige l’expansion du Programme de travailleurs étrangers temporaires, ce qui ne résout qu’une partie de l’équation et omet les 45 000 postes actuellement vacants dans notre secteur. Nous devons mettre en place des cheminements vers la résidence permanente pour les travailleurs manufacturiers, l’immigration ciblée afin de combler ces carences de compétences et offrir des crédits fiscaux pour la formation offerte par l’employeur. Nous devons insister sur l’importance de reconnaître les diplômes étrangers et investir dans le logement abordable, le soutien linguistique et les services à large bande passante pour intégrer efficacement ces nouveaux arrivants. Qui plus est, nous avons besoin d’incitatifs afin de stimuler l’investissement manufacturier et l’automatisation, notamment un crédit d’impôt national sur l’investissement (comparable à celui offert aux États-Unis) et des processus simplifiés d’adoption des technologies, tel que mentionné dans les recommandations du Groupe de travail sur la chaine d’approvisionnement nationale. Notre industrie dépend de chaines d’approvisionnement harmonieuses; le temps est venu d’investir dans l’infrastructure de transport. Demain, il sera tout simplement trop tard.
Moins de règlementation, des choix plus avisés
La règlementation est une épée à deux tranchants. Bien qu’elle soit nécessaire pour la qualité et la sécurité, une sur-règlementation peut juguler l’innovation et la croissance. Nos entreprises s’ajustent constamment à de nouvelles règlementations concernant la fabrication, l’étiquetage, l’emballage et la vente de leurs produits. Elles ont du mal à suivre. Les changements cumulatifs et parfois même contradictoires en matière d’étiquetage, de contraintes d’emballage et de mandats de développement durable augmentent la frustration et les coûts pour les entreprises. Heureusement, il existe des options autres que les étiquettes traditionnelles qui offrent la promesse de flexibilité à bon coût et dans des délais raisonnables, ce qui permet aux entreprises de s’adapter aux demandes changeantes des gouvernements. Le gouvernement doit aussi prendre des mesures claires et décisives afin d’améliorer la coordination règlementaire avec d’autres pays, s’il veut favoriser la circulation rapide et facile de biens essentiels comme le lait maternisé et les analgésiques. Vu que le marché canadien est de taille relativement restreinte, il devient de plus en plus difficile pour les entreprises mondiales de justifier des gammes de produits spécifiques pour le Canada sur l’échiquier mondial.
Mise en place d’un Code de l’épicerie complet
Au cours des deux dernières années, PASC et plusieurs intervenants de l’industrie, des détaillants et des gouvernements ont travaillé fort afin d’en arriver où nous en sommes aujourd’hui, sur le point de mettre en place un tel code. Il est critique de mener ce projet à terme afin d’apporter de l’équité et de l’équilibre dans les négociations entre les manufacturiers et les détaillants. Le code n’a pas pour but de rendre les grands détaillants moins rentables ou moins prospères, mais plutôt de créer un environnement où tous les intervenants y trouvent leur compte. Nous pouvons nous inspirer à cet effet du Grocery Supply Code of Practice, du Royaume-Uni. Ce code a permis aux manufacturiers du Royaume-Uni d’améliorer la certitude et la rentabilité économiques, ce qui a ouvert la voir à de l’investissement en capital dans le développement manufacturier et des produits. Les marges bénéficiaires des détaillants se sont améliorées, ce qui leur a permis de réinvestir dans la compétitivité opérationnelle. Les consommateurs y ont gagné par un plus grand choix de produits, l’innovation dans les produits et l’emballage, ainsi que de meilleurs prix promotionnels. Ne vous y trompez pas, un code canadien demandera un changement culturel dans la dynamique de longue date entre détaillants et fournisseurs, ainsi qu’une approche élargie couvrant la gamme complète des produits vendus dans une épicerie typique : aliments, biens de consommation, produits de beauté et produits de santé, etc. Nos efforts collectifs représentent une occasion pour les détaillants de montrer leur engagement et leur leadership par le soutien et l’implication dans un code obligatoire, contraignant et inclusif qui reflète la nature intégrée de la filière de l’épicerie au Canada. Le renforcement continu des ministres de l’agriculture fédéral, provinciaux et territoriaux ainsi que des comités parlementaires souligne l’urgence de nos efforts.
Promouvoir les principes de l’économie circulaire
Le Canada doit être chef de file du développement durable. PASC est profondément impliqué dans des discussions avec Environnement et changement climatique Canada en vue de l’adoption des principes d’économie circulaire, comme l’inclusion de normes de contenu recyclé et l’étiquetage du caractère recyclable et biodégradable des emballages de plastique. Ces mesures doivent toutefois être bien coordonnées afin d’éviter qu’elles n’entrent en conflit avec les efforts des provinces, qu’elles reflètent les réalités opérationnelles des entreprises productrices et qu’elles soient conformes aux règles en vigueur à l’échelle internationale. Je crois que ces cibles doivent être ambitieuses, mais réalisables dans des délais qui tiennent compte de facteurs extérieurs comme la capacité de recyclage. Un fonds d’infrastructure de recyclage de 100 million $ destiné à nous doter de la capacité nécessaire et à promouvoir les initiatives de recyclage conformément aux objectifs environnementaux du gouvernement serait des plus utiles.
Promouvoir les autosoins
Une stratégie nationale d’autosoins n’est pas qu’une simple affaire de bien-être; elle est aussi économiquement sensée. En mettant en place un cadre uniforme et fondé sur le risque pour les produits en vente libre, les produits de santé naturelle et les produits cosmétiques ayant des allégations santé, Le Canada pourrait engranger des économies substantielles, augmenter la productivité de sa main-d’œuvre, mieux gérer les pénuries de médicaments et atténuer les pressions sur le système de santé. Le gouvernement le sait et doit rendre le cadre d’autosoins conforme aux efforts de récupération des coûts afin d’assurer la résilience du secteur des produits de santé, le développement réussi de produits et l’innovation dans ce secteur.
Renforcer les industries des produits alimentaires, de santé et de consommation du Canada est un objectif à long terme qui promet plus d’investissement en capital, plus d’emplois et la sécurité nécessaire pour nos produits alimentaires, de santé et de consommation. En mettant en vigueur la liste de mesures qui précède, nous avons une chance de conserver les marques et la fabrication que nous avons aujourd’hui et d’en développer pour l’avenir. Sinon, nous deviendrons une nation de distributeurs de produits fabriqués ailleurs. Il vaudrait la peine de procéder à ces changements afin d’assurer un secteur manufacturier des produits alimentaires, de santé et de consommation canadien pour les générations à venir.