L’entente survenue la semaine dernière entre Ottawa et les premiers ministres provinciaux à propos d’une augmentation de l’ordre de 46,2 milliards de dollars sur 10 ans en dépenses de santé est une bien bonne nouvelle pour le système de santé surtaxé et les Canadiens qui ne savent plus vers qui se tourner en ces temps difficiles.
Élément à signaler, les 25 milliards de dollars sur 10 ans alloués à l’amélioration de quatre domaines prioritaires : les services de santé à la famille, les travailleurs de la santé et les listes d’attente, la santé mental et les dépendances, ainsi que la modernisation des soins de santé (qui principalement comprend l’emphase sur l’accès des patients à leur propre dossier de santé). Il s’agit d’un pas positif et crucial vers la responsabilisation des patients, une mesure attendue depuis longtemps.
L’automne dernier, un rapport publié par la Global Self Care Federation accordait au Canada une note d’échec en raison de l’incapacité des patients à accéder et à gérer leur propre dossier de santé. Tel que mentionné dans les appels de PASC en faveur d’une stratégie nationale d’autosoins, l’accès aux dossiers électroniques de santé est un important catalyseur de responsabilisation des patients et d’adoption des autosoins par les consommateurs. Nous sommes ravis de voir les ministres de la santé de tout le pays s’entendre sur l’importance de cette mesure.
PASC a défendu bec et ongles le fait qu’une stratégie nationale d’autosoins soit un complément efficace et à cout faible ou nul aux investissements dans le système de santé public. Les vulnérabilités de longue date du système de santé ne sont devenues que plus flagrantes au cours des dernières années, tout spécialement avec la pandémie.
Alors que notre population vieillit rapidement, le fardeau croissant des maladies chroniques doit devenir une des principales priorités des planificateurs en santé. Soixante-treize pour cent des Canadiens âgés de plus de 65 ans affichent au moins une des maladies chroniques les plus répandues et plus d’un tiers d’entre eux en affichent deux ou plus. Nous pouvons et devons faire tout en notre pouvoir pour prévenir et gérer les maladies chroniques et traiter les malaises mineurs par les autosoins.
Si à peine deux pour cent des Canadiens atteints de rhume, de maux de tête ou de brulements d’estomac se tournaient vers les autosoins au lieu de consulter un médecin, plus de trois millions de consultations médicales superflues seraient éliminées annuellement et suffisamment de ressources médicales se libèreraient, permettant ainsi à quelque 500 000 Canadiens supplémentaires d’avoir accès à un médecin de famille. Cette amélioration signifierait beaucoup pour les Canadiens qui n’ont toujours pas de médecin de famille. Ce ne sont que quelques-uns des bienfaits tangibles des autosoins.
Heureusement, les Canadiens sont prêts et désireux de pratiquer les autosoins, mais il faudrait plus de soutien et d’action de la part des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Ces derniers devraient commencer par adopter une Stratégie nationale des autosoins qui aiderait les Canadiens à mieux prendre soin d’eux-mêmes et qui veillerait à ce qu’ils puissent adopter une gamme plus étendue de produits et de services d’autosoins au moment où ils en ont besoin. Pour le gouvernement fédéral, il faudrait accélérer l’adoption du Cadre d’autosoins de Santé Canada afin d’améliorer la règlementation des produits d’autosoins et leur accès par les consommateurs, tout en accordant aux produits d’autosoins approuvés par Santé Canada le même statut fiscal qu’aux médicaments d’ordonnance.
Les gouvernements de tous les coins du pays peuvent aussi collaborer afin de moderniser les chevauchements de règlementation qui limitent gravement l’accès aux produits d’autosoins au Canada. En dépit de l’entente fédérale-provinciale-territoriale destinée à résoudre cet enjeu en vertu de l’Accord de libre-échange canadien, les progrès en ce sens se sont avérés exceptionnellement lents et il faut plus que jamais une volonté politique pour redémarrer ce processus afin que les Canadiens aient un accès immédiat aux produits d’autosoins dont ils ont besoin, au moment opportun.
Une récente étude du Conference Board of Canada démontre qu’il serait possible d’économiser 500 millions de dollars en coût de médicaments et 250 millions de dollars par la réduction du nombre de consultations médicales annuellement par la transition d’à peine trois catégories de produits (remèdes contre les brulements d’estomac, médicaments contre la dysfonction érectile et contraceptifs oraux) de médicaments d’ordonnance à produits en vente libre. Parfois, la bonne solution s’avère être la plus simple.
Nous avons tous un rôle à jouer afin de vivre plus sainement et de veiller à ce que notre système de santé demeure viable pour ceux et celles qui en ont besoin. L’entente de la semaine dernière est un pas dans la bonne direction et démontrer ce qui peut être réalisé lorsque les gouvernements de tout le pays collaborent et affichent une volonté politique. Mais il reste encore beaucoup à faire en très peu de temps. Il est grand temps d’agir.