La possibilité imminente de tarifs américains de 25 % projette une ombre redoutable sur les industries des produits alimentaires, de santé et de consommation du Canada. Les conséquences potentielles sont catastrophiques : chaines d’approvisionnement interrompues, escalade des coûts et onde de choc qui pourrait déstabiliser nos secteurs agricole et manufacturier. C’est pour le Canada un moment de vérité qui exige des mesures proactives afin de protéger notre avenir économique.
La profonde dépendance du Canada envers le marché américain nous rend particulièrement vulnérables à ce genre de tarifs. Nos exportations agricoles, dont 8,6 milliards $ en canola, sont l’exemple même de ce risque. Les tarifs sabreraient dans la rentabilité des producteurs canadiens et gêneraient l’accès à un marché essentiel pour notre économie. Les entreprises, des petites fermes aux grands détaillants, font déjà face à une incertitude croissante et leur planification à long terme en deviendrait de plus en plus difficile.
Les obstacles non-tarifaires (ONT), comme les exigences d’étiquetage et les changements règlementaires, viennent s’ajouter à ce défi. L’histoire a démontré comment les ONT, comme les lois américaines d’indication du pays d’origine sur l’étiquetage, peuvent nuire au commerce autant que les tarifs directs. S’il fallait que de tels obstacles se dressent en même temps que les tarifs, les industries canadiennes s’en retrouveraient d’autant plus coincées.
L’impact économique est vaste. La recherche suggère qu’un tarif de 25 % pourrait réduire le PIB canadien de deux à trois pour cent, selon l’éventualité et la nature de la riposte canadienne. Mais le PIB n’est qu’une facette de l’enjeu. L’emploi, une dimension particulièrement personnelle de l’impact économique, est aussi en jeu. On estime que 2,4 millions d’emplois canadiens sont reliés aux exportations américaines, que ce soit dans des industries comme l’automobile en Ontario ou la culture de pommes de terre dans l’Île-du-Prince-Édouard. Ces emplois, qu’ils soient directement impliqués dans l’exportation ou qu’ils s’insèrent dans un réseau de fournisseurs, risque d’être interrompus, de voir leurs heures réduites et se trouvent donc dans une incertitude accrue. En Alberta seulement, plus du quart des revenus proviennent des exportations vers les États-Unis, ce qui rend cette province particulièrement vulnérable.
En dépit des obstacles, le Canada a la possibilité de renforcer sa résilience économique. La région Indopacifique présente des possibilités prometteuses pour que le Canada y augmente son empreinte commerciale. Avec la demande croissante de produits agricoles et manufacturés, forger des partenariats dans cette région peut contribuer à atténuer notre dépendance envers les États-Unis. Un plus grand accès à ces marchés n’est pas seulement stratégique; il devient essentiel pour notre stabilité à long terme.
Une action concertée est plus qu’essentielle. Chez PASC, nous collaborons avec des intervenants de toutes les industries et de tous les paliers de gouvernement, mais nous devons faire encore plus. Les détaillants jouent un rôle vital dans cette conversation. Ensemble, nous devons explorer des solutions visant à stabiliser les chaines d’approvisionnement, à réduire les coûts et à veiller à ce que les consommateurs aient un accès continu aux produits dont ils ont besoin. Cette collaboration exige de franches discussions, une pensée créative et un engagement commun afin de minimiser les interruptions pour les familles comme pour les entreprises canadiennes.
Pour les consommateurs, l’enjeu est bien réel. L’impact des tarifs se répercutera aux étagères des épiceries et des pharmacies sous forme de prix à la hausse, ainsi que de variété et de choix à la baisse. L’inflation étrangle déjà les budgets des ménages et de nouvelles interruptions ne feront qu’aggraver les défis pour les Canadiens moyens. C’est pourquoi il est critique que notre industrie et nos gouvernements unissent leurs efforts afin de protéger non seulement l’économie, mais aussi les consommateurs qui encaissent le coup de tels changements.
Nous vivons à une époque marquée par les dérangements, où le protectionnisme, les changements climatiques et les pénuries de main-d’œuvre reconfigurent le commerce international. Alors que la menace de tarifs américains souligne l’urgence d’agir, elle rappelle aussi la nécessité primordiale de rendre notre économie plus adaptable et plus résiliente.
Par des mesures décisives destinées à diversifier le commerce, à favoriser la collaboration, notamment avec des partenaires détaillants et à investir dans notre force intérieure, le Canada peut faire de ce moment d’incertitude un point tournant afin de sécuriser notre avenir économique et protéger nos industries, nos emplois et les consommateurs qui en dépendent.
Cet article a été à l’origine publié sur LinkedIn.