Chaque jour, nous lisons de nouveaux reportages décrivant l’impact des prix à la hausse et des graves pénuries de travailleurs de la santé. On pourrait croire qu’aucun Canadien ne peut éviter ces impacts laissés par les querelles géopolitiques entourant la COVID-19 et les pires taux d’inflation des dernières décennies. Malheureusement, les personnes les plus défavorisées, à la santé fragile ou vivant en milieu éloigné sont les plus durement frappées, car elles ont moins de ressources de soins de santé et moins de choix d’aliments sains à prix abordable à leur disposition. Pour plusieurs d’entre elles, le problème semble énorme, croissant et insoluble.
Mais deux mesures simples et peu coûteuses qui s’offrent à notre gouvernement fédéral pourraient être adoptées afin de résoudre ces problèmes et ainsi, réduire nos factures d’épicerie et faciliter l’accès aux soins de santé : faciliter l’arrivée de travailleurs étrangers et adopter une Stratégie nationale des autosoins.
Juguler l’inflation du coût des aliments entrainera de meilleurs résultats en santé
Comme tous les autres secteurs, les manufacturiers d’aliments sont durement frappés par les pénuries de main-d’œuvre. Dans le secteur manufacturier alimentaire, plus de 45 000 emplois restent à combler. Les pénuries de main-d’œuvre dans le secteur du camionnage, dont les manufacturiers d’aliments dépendent pour transporter plus de 70 pour cent de leur production au-delà de la frontière, font tout aussi mal car elles contribuent aux pénuries d’ingrédients et de matériel d’emballage. Ces pénuries sont des causes directes de l’augmentation du prix des aliments. Les sondages menés l’an dernier auprès des membres de Produits alimentaires, de santé et de consommation Canada (PASC) démontrent que le coût de la main-d’œuvre du secteur manufacturier alimentaire a augmenté de 16 pour cent. Selon Compétences transformation alimentaire Canada, le coût des postes vacants pour les employeurs de l’industrie de la fabrication d’aliments et de boissons pourrait atteindre 3,1 milliards de dollars annuellement si la situation perdure.
Ce problème pourrait être résolu en facilitant l’entrée au Canada de travailleurs étrangers. Le gouvernement fédéral devrait poursuivre dans la veine de son engagement à introduire un mécanisme d’employeur de confiance dans le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), améliorer le cheminement vers la résidence permanente et augmenter l’immigration pour causes économiques. PASC salue la décision du gouvernement fédéral d’augmenter temporairement le plafond du PTET de 30 pour cent pour certains secteurs, dont le secteur manufacturier alimentaire, et demande que cette mesure devienne permanente. Une autre façon importante par laquelle le gouvernement fédéral peut contribuer à réduire l’inflation du coût des aliments causée par les pénuries de main-d’œuvre consiste à étendre le Programme de reconnaissance des titres de compétences étrangers au secteur agroalimentaire et à reconnaître les compétences et contributions qui pourraient déjà se trouver ici.
Finalement, il ne faut pas oublier le besoin de soutenir les nouveaux arrivants au Canada. Le gouvernement doit continuer d’investir dans le logement abordable, le soutien linguistique, le transport public, les garderies et le service Internet à large bande, particulièrement dans les petites et moyennes communautés. Ces investissements permettent aux gens de demeurer près de leur lieu de travail et de participer à part entière à la communauté et à l’économie, ce qui permet de minimiser l’inflation sur les aliments.
Une solution aux pénuries de personnel de santé au bout des doigts
Que diriez-vous si nous pouvions rapidement mettre des médecins de famille à la disposition de plus d’un million de Canadiens supplémentaires, sans qu’il en coûte un sou? Vous croyez peut-être que je rêve en couleurs, mais ce n’est qu’un des bienfaits tangibles qui nous attend si le Canada adopte une Stratégie nationale des autosoins. Cette stratégie permettrait aux Canadiens d’avoir accès aux connaissances et aux produits nécessaires pour traiter eux-mêmes certains problèmes de santé pour lesquels ils consultent un médecin. Par exemple, si à peine deux pour cent des Canadiens souffrant de rhume, de maux de tête ou de brulements d’estomac pratiquaient les autosoins, plus de trois millions de consultations médicales superflues seraient éliminées chaque année, libérant ainsi suffisamment de médecins pour permettre à 500 000 Canadiens de plus d’avoir accès à un médecin de famille. Ce ne sont que quelques-uns des bienfaits attribuables aux autosoins.
Le gouvernement fédéral doit s’engager envers uns Stratégie nationale des autosoins qui s’assure que les Canadiens soient suffisamment renseignés sur la santé pour savoir quand et comment traiter eux-mêmes leurs malaises mineurs et maladies chroniques et qu’ils aient accès aux produits et services qui les aideront à le faire. Au Québec, le Plan santé du gouvernement reconnaît le rôle critique des autosoins, Le gouvernement fédéral doit se pencher sur les possibilités et les bienfaits d’une Stratégie d’autosoins et s’empresser d’offrir une solution à coût nul au véritable malaise des Canadiens : le manque de connaissances en matière de choix de modes de vie sains et l’accès à une gamme de produits d’autosoins quand ils en ont besoin.
Étant donné le lien clair entre l’insécurité alimentaire et les piètres résultats en santé mentale et physique, il est impératif d’enrayer à la fois l’inflation sur les aliments et les pénuries de personnel en santé, afin d’éviter de lourdes conséquences sur la santé et le bien-être de la population, de même que la dégradation du système de santé.
Des mesures comme réduire l’inflation du coût des aliments et offrir un meilleur accès aux services et produits de santé sont à notre portée dès maintenant. Il ne manque qu’un geste de la part du gouvernement fédéral, soit la mise en place d’un Code de l’épicerie et l’étude d’une Stratégie nationale d’autosoins. C’est pourquoi la présentation pré-budgétaire 2023 de PASC insiste sur ces occasions à saisir. Il est temps que le gouvernement agisse au bénéfice de tous les Canadiens